Aujourd’hui, 11 décembre 2025, c’est la Journée internationale de la montagne. Son objectif : mettre en lumière les régions montagneuses, en tant que source majeure d’eau douce et d’écosystèmes à l’échelle du globe. Dans ce cadre, j’apporte ici mon témoignage sur les glaciers du Karakoram, au Pakistan.
Je me rends dans le massif du Karakoram depuis 1993. En 32 ans, alors que je voyais les glaciers alpins fondre à vue d’oeil, je me réconfortais à chaque voyage au Pakistan en retrouvant des bassins glaciaires pleins à ras bord, bien joufflus, débordant parfois de leur moraine ! Les scientifiques s’étonnaient de « l’anomalie » du Karakoram.

Que l’on se rassure, les volumes glaciaires sont toujours impressionnants et les parois bien drapées…
… mais j’ai décelé une baisse de volume pour la première fois au printemps 2024, sur une traversée de 100 km non stop de glaciers énormes, en plein centre du massif. Et là, peu à peu j’ai vu des changements par rapport à mes précédents passages. Les masses, si grandes qu’on pourrait les croire figées, avaient évolué, le paysage s’était légèrement modifié, des moraines centrales sont apparues, des pentes se sont creusées.
Les glaciers géants du Karakoram commencent à fondre
Depuis 5 ans, les hivers sont très secs et les glaciers se remettent en eau dès le mois de mai. En été, avec des isothermes zéro montant à plus de 6 000 m, c’est la débâcle. J’étais pourtant habitué à voir les torrents, rivières et fleuves gonfler de manière impressionnante mais, aujourd’hui, ça monte d’un cran ! Tous les cours d’eau débordent de leur lit, grignotent des terres arables, détruisent des pistes, des ponts, défoncent les réseaux d’irrigation. Et toute cette eau vient de la fonte des glaces. Les populations sont inquiètes.
Combien de temps les hivers seront-ils trop secs ? Inch Allah.
Combien de lacs sous-glaciaires menaçants se forment en été ? Inch Allah.
Le Karakoram est un désert où l’on ne peut vivre que dans des oasis irriguées par l’eau de fonte des glaciers. Sans les glaciers, il n’y aura plus d’oasis, plus de vie. Il ne restera que la Karakoram Highway pour les camions de marchandises chinoises, des stations-services et des restaurants de routiers.
Et mes voyages, dans tout ça ?
Je continue à visiter les glaciers qui permettent les grands raids à skis, discrètement, sans laisser de traces, et faisant bosser une cinquantaine de montagnards locaux. J’observe et je témoigne de l’incroyable beauté et de l’évolution des plus grands glaciers d’Asie.